Thumbnail

Lettre de l'Icom France n°17

Editorial

En ce début d’année deux tâches importantes nous mobilisent : la première, traditionnelle pais chaque année plus lourde pour notre secrétaire, est de vous envoyer dans les meilleurs délais votre vignette 1995 ; l’accroissement régulier du nombre de membres rend cette opération toujours plus longue, alors un tout petit peu de patience… La seconde, non moins traditionnelle, est de tenter de réunir un maximum de subventions pour venir en aide à ceux qui souhaitent se rendre à la Conférence générale et qui ne disposent pas du soutien financier de l’organisation.

A cet égard, il faut savoir que l’organisation d’une Conférence générale est devenue au fil des ans une entreprise lourde et financièrement périlleuse. Le choix de la ville de Stavanger, proposé par le Comité consultatif et confirmé par le Conseil exécutif, fut motivé à la fois par les qualités de prestations offertes par les organisateurs, mais aussi et surtout parce qu’il garantit la possibilité de découvrir les musées de Scandinavie qui, forts de leurs riches collections, sont devenus au cours de la dernière décennie un véritable pôle d’expérimentation des techniques muséales.

Certes nous n’ignorons pas que le coût du voyage sera prohibitif pour beaucoup et ce malgré nos efforts. Nous espérons cependant que, comme lors des précédentes Conférences, les Français seront nombreux et actifs. Rappelons que nous ne pourrons vous aider que si vous avez renvoyé le questionnaire d’intention diffusé en début d’année.

Il me faut revenir sur l’état des finances du Comité français pour rappeler que les cotisations des membres, qui sont habituellement une source de revenus non négligeable pour la plupart des associations professionnelles sont, pour le cas de l’ICOM et conformément aux statuts de l’Organisation, reversées aux neuf dixième au Secrétariat général comme participation au fonctionnement et à la réalisation des programmes triennaux. Cette situation est saine car elle est le garant de l’indépendance de l’ICOM. Chaque comité doit trouver des subventions et des financements exceptionnels par ses propres moyens. Or même si l’aide de la DMF reste importante, voire déterminante, elle n’a pas cessé de réduire au cours de ces dernières années. Cette baisse est d’environ 40% par rapport à la situation d’il y a cinq ans du fait des suppressions de nombreuses prestations en nature. Les contraintes de la gestion d’une association qui aujourd’hui approche les 1500 membres font que nous sommes arrivés à un seuil critique ; si de nouvelles baisses devaient intervenir, il ne serait plus possible d’assurer les services minimum que nous vous devons.

Fort heureusement et grâce à la diversité d’origine des membres, nous obtenons parfois des subventions exceptionnelles, comme c’est le cas pour cette Lettre publiée avec l’aide du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (Direction de l’Information Scientifique et Technique et des Bibliothèques).

La place de la France dans l’ICOM dépend aussi du dynamisme de ses représentants. Vous trouverez plus loin une première information sur la réunion annuelle du Comité intenrational des Beaux-Arts (ICFA) qui, à l’initiative de Jacques Kuhnmunch et de Françoise Baligand, se tiendra cet automne dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie. Nous nous réjouissons qu’un important comité international se réunisse en France.

Notre fonction de réseau international ouvert à chacun ne doit pas nous faire oublier le rôle qui doit être le nôtre dans le débat national, que ce soit à propos de la nouvelle approche de la loi sur les musées de France ou sur les conséquences de la mise en application de la filière culturelle de la fonction publique territoriale. Nous serons présents dans la réflexion sur la protection des collections publiques qui semble s’amorcer, en rappelant qu’une fois de plus la ratification par la France de la Convention de 1970 sur le trafic illicite des biens culturels est reportée sine die ce qui ne garantit pas l’image de notre pays dans le monde. Souhaitons que la délégation française, qui en juin sera présente à Rome pour la Conférence chargée de l’élaboration d’une convention pour l’harmonisation des dispositions de droit privé (UNIDROIT), puisse confirmer l’appui de la France à ce projet concret.

Enfin, je voudrais revenir sur le colloque « créer, recréer le musée » organisé par Handicap International en juin prochain à Grenoble qui traitera de la place et du rôle des personnes handicapées dans les musées. De la notion d’accessibilité aux enjeux de l’accueil pour les équipes de musées en passant par le « syndrome de Stendhal » et le musée comme lieu d’apprentissage de créativité, ce colloque illustre parfaitement à mes yeux l’enjeu majeur de notre métier en cette fin de siècle : le musée doit-il rester au service de la société et de son développement ou s’inscrire définitivement dans une logique de marché pour le meilleur et pour le pire ?

Jean-Yves Marin

 

La visualisation n’est pas encore disponible sur votre navigateur, veillez à le mettre à jour.