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Lettre de l'Icom France n°15

Editorial

À bien des égards l'année qui vient de s'écouler fut importante dans la longue histoire des musées français, le magistral le 200e anniversaire du Musée du Louvre en constituant la partie la plus achevée et sans doute la plus emblématique. Cette affirmation du rôle de premier plan acquis par la France doit se poursuivre dans un domaine non moins important pour les professionnels, celui de la définition du Musée et de la protection des collections à travers un nouveau cadre législatif en cours d'élaboration. Que l'on ne s'y trompe pas, il ne s'agit pas d'une affaire franco-française destinée à équilibrer les pouvoirs en période de décentralisation, mais d'un acte fondamental dont la portée internationale sera considérable dans les années à venir. Le développement sans précédent des musées en France, l'extension de leur champ d'activité, l'augmentation de leurs fréquentations, tout concourt à faire de la situation française un champ d'expérimentation suivi avec intérêt et curiosité par de nombreux pays aussi bien en Europe dans le tiers-monde.

Nul ne conteste, je crois, le bien-fondé d'une nouvelle loi dans l'ordonnance du 13 juillet 1945 apparaît inadaptée.  Le projet de loi actuellement en cours de concertation (l'est-il vraiment ?) comporte de nombreux aspects positifs qu'il ne s'agit pas d'ignorer.

Toutefois notre inquiétude provient surtout du Titre I (Dispositions relatives au musée) qui, s'il « verrouille » bien les collections, risque de laisser passer l'opportunité de réaffirmer la spécificité du musée à travers une définition forte. La crainte d'une marginalisation de l'institution muséale dans un monde de libéralisme a visiblement suscité une auto-censure de la part des auteurs de la loi. Or la situation ne peut être uniquement comparée aux pays voisins du Nord comme on affecte trop souvent de le penser. Le rayonnement culturel de la France dépend aussi de ses capacités à conjuguer ses lois et son souci d'universalisme.

Si l'ICOM a sans cesse cherché à améliorer une définition universelle du musée jusqu'à proposer un Code de déontologie, lui-même en constante évolution, ce n'est pas pour se substituer aux lois nationales mais bien au contraire pour affirmer des principes fondamentaux auxquelles nous sommes viscéralement attachés. Nous attendons des autorités de notre pays qu'ils les respectent.

On trouvera dans ce numéro une analyse de la composition des membres du Comité français. Ce travail, mené par Françoise Wasserman, conjointement à une réflexion sur les critères d'adhésion à notre comité, vient au moment où nous atteignons le cap des mille membres, soit plus du dixième de l'ensemble des membres de l'ICOM, dont nous sommes à ce jour le premier Comité National. C'est pourquoi, renouant avec une tradition ancienne, nous publierons chaque année la liste de nos nouveaux membres.

Une notable partie de ce numéro est consacré à l'Afrique. On y trouvera des renseignements sur l'engagement de l'ICOM à travers son programme AFRICOM mais aussi des informations sur des réalisations en cours. Enfin, deux muséologies africains donnent ici leur point de vue sur le type de collaboration qu'ils souhaitent voir se mettre en place avec la France. Ce petit dossier ne prétend pas à l'exhaustivité mais se veut une information sur une aire géographique peu connue des muséologues français. Les adresses des auteurs et institutions ayant participés à ce dossier vous permettront de poursuivre le dialogue si vous le souhaitez et peut-être d'élaborer des actions communes.

Bien des projets sont en gestation pour mieux faire connaître l'action de notre Organisation et tout particulièrement de ses membres francophones. Il en sera ainsi en 1994 du Congrès sur « Les musées des départements français d'Amérique » qui se tiendra en Martinique conjointement avec une réunion de l'Association des Musées de la Caraïbe (MAC) ou encore de la refonte de nos conventions d'échange avec les pays de l'Est de l'Europe où les demandes de collaborations ont beaucoup évolué. D'autres projets existent et pourront, je l'espère, être menés à bien avec le soutien et la collaboration de nos partenaires et en particulier la Direction des Musées de France.

Je saisis cette occasion pour vous adresser mes meilleurs vœux pour une très heureuse et très fructueuse année 1994.

Jean-Yves Marin

 

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