La fermeture du Palais de la découverte ou sa réduction serait une perte pour l’ensemble de la communauté internationale

ICOM France relaie les tribunes de l'AMCSTI et de scientifiques

Tribune de soutien au Palais de la découverte publiée sur le site de l'Amcsti

Nous, professionnel·les de la culture scientifique technique et industrielle réunis au sein de l’Amcsti, réseau national et francophone, prenons acte et nous inquiétons vivement de la révocation du président d’Universcience en conseil des ministres du 12 juin 2025. Ce dernier événement s’inscrit dans une liste déjà longue d’annonces alarmantes et d’obstacles à la réinstallation du Palais de la Découverte dans l’ensemble patrimonial rénové du Grand Palais. Depuis 1937, le Palais de la Découverte partage les sciences en train de se faire avec le grand public dans le Palais d’Antin, l’aile ouest du Grand Palais.

Ce retour dans ses murs historiques devait débuter le 10 juin 2025, par le festival “Premières Ondes”, riche programme dédié aux sciences en société, avec la présentation d’une exposition sur l’Intelligence Artificielle jusqu’au mois d’octobre. Puis, le bâtiment devait refermer au public, afin de mettre en place une nouvelle scénographie originale, pour une ouverture définitive à la rentrée 2026. Aujourd’hui, seule l’ouverture du Palais des enfants, l’espace dédié aux 2-7 ans, a été confirmée, avec la présentation de l’exposition “Transparence”, coproduite par Universcience avec le Grand Palais RMN.

Le limogeage, hier, de Bruno Maquart, président d’Universcience, qui a porté avec ses équipes, depuis plus de 5 ans un ambitieux projet de rénovation du Palais de la Découverte en étroite relation avec les communautés scientifiques (dont le CNRS et l’Académie des sciences), semble mettre un terme final à cette dynamique pourtant essentielle aujourd’hui.

À un moment où nos sociétés ont plus que jamais besoin d’une pensée complexe et non simpliste, fondée sur l’esprit critique et la méthode scientifique, afin de relever les nombreux défis qui se présentent, depuis l’érosion de la biodiversité, la maîtrise et l’adaptation au changement climatique, l’irruption de l’IA dans tous les domaines, la désaffection progressive des femmes dans les filières scientifiques, jusqu’à la lutte contre la désinformation et les faits alternatifs, la disparition du Palais de la Découverte en plein de cœur de Paris serait gravement contre-productive.

Non seulement parce que cette institution historique a inspiré pendant des décennies nombre de nos concitoyennes et concitoyens vers les carrières scientifiques ou d’ingénieur·es, mais aussi parce que le Palais de la Découverte est l’une des références nationales et mondiales en matière de partage des savoirs avec le grand public, qui a inspiré de nombreuses institutions en France et sur tous les continents. Ensuite, parce que son nouveau projet s’inscrit en plein dans le 21ème siècle, en articulant découverte des sciences avec les enjeux sociétaux d’aujourd’hui et de demain, dans un dialogue ouvert des disciplines allant des sciences physiques et de la nature, aux sciences humaines et sociales, et jusqu’aux croisements entre arts et sciences. Enfin, parce qu’il est urgent de renforcer et non limiter la culture scientifique technique et industrielle auprès de toutes et tous, sur tout le territoire national comme en plein cœur de Paris.

Nous appelons les autorités concernées à garantir l’avenir du Palais de la Découverte, à s’assurer qu’il demeure dans son lieu historique du Palais d’Antin, et à réaffirmer leur engagement durable en faveur de sa mission, de ses équipes, ainsi que du rôle essentiel qu’il joue pour inscrire la science au cœur de notre patrimoine culturel commun.

Signataire : Amcsti

TRIBUNE



Dans une tribune au « Monde », une cinquantaine de représentants d’institutions scientifiques internationales appellent la France à garantir l’avenir du Palais de la découverte.

Nous, représentants d’institutions engagées dans le partage des sciences à travers l’Europe et le monde, exprimons notre profonde inquiétude face à l’avenir incertain du Palais de la découverte, à Paris.

Depuis plus de huit décennies, le Palais de la découverte est une institution phare de la médiation scientifique – non seulement en France, mais aussi à l’international –, un modèle de médiation exigeante, accessible et inspirante. Son approche distinctive et reconnue a inspiré des générations de scientifiques, d’enseignants et de citoyens en rendant accessibles des idées complexes, ainsi qu’en éveillant un intérêt durable pour les sciences. Il a été – et reste – un acteur essentiel de notre domaine.

La fermeture ou la réduction définitive de cette institution ne représenterait pas seulement une perte pour Paris et pour la France, mais pour l’ensemble de la communauté internationale qui défend l’accès ouvert au savoir et à la culture scientifique.

Nous appelons les autorités concernées à garantir l’avenir du Palais de la découverte, à s’assurer qu’il demeure dans son lieu historique du palais d’Antin, et à réaffirmer leur engagement durable en faveur de sa mission, de ses équipes, ainsi que du rôle essentiel qu’il joue pour inscrire la science au cœur de notre patrimoine culturel commun.

Signataires :
Marianne Achiam, professeure agrégée en communication scientifique, université de Copenhague, Danemark ; Bärbel Auffermann, directrice du Musée de Neandertal, Allemagne ; Andrea Bandelli, président exécutif de la Woven Foundation for Creative Climate Communication, Pays-Bas ; Silvina Basile, coordinatrice du programme de vulgarisation scientifique de l’université nationale de La Plata, Argentine ; Martin W. Bauer, professeur de psychologie sociale, London School of Economics ; Stéphane Berghmans, PDG, Technopolis, Belgique ; Maria Emilia Beyer, administratrice, Universum, Science Museum UNAM, Mexico ; Sir Ian Blatchford, administrateur et directeur général du Science Museum Group, Royaume-Uni ; Marjolein van Breemen, directrice du centre de biodiversité Naturalis, Leyden, Pays-Bas ; Martha Cambre, coordinatrice générale du Musée des sciences Espacio Ciencia à Montvideo, Uruguay ; Antonia Caola, responsable de la communication du Musée des sciences, Trente, Italie ; Andréa Fernandes Costa, présidente de l’Association brésilienne des musées et centres scientifiques, Brésil ; Lavinia Del Longo, responsable du bureau technique du Musée des sciences, Trente, Italie ; Alessandra Drioli, ambassadrice, Fondazione IDIS - Cité de la Science, Italie ; Cyril Dworsky, coordinateur des relations internationales, réseau européen des universités pour enfants EUCU. net, Vienne, Autriche ; Sigrid Falla, directrice de l’architecture des expériences, Maloka Science Center, Bogota, Colombie ; Robert Firmhofer, directeur général du centre scientifique Copernicus, Varsovie, Pologne ; docteur Derek Fish, directeur du Centre Unizulu des sciences, Afrique du Sud ; Michele Fontana, cofondateur et directeur artistique, KOI Public Engagement, Belgique ; Fiorenzo Marco Galli, directeur général de la Fondation du Musée national des sciences et des technologies Leonardo da Vinci, Italie ; Maria Isabel Garcia, directrice-conservatrice du Musée des sciences The Mind, Philippines ; Kim Gladstone Herlev, directeur général d’Experimentarium, centre scientifique danois, Danemark ; Diego Golombek, université de San Andrés-CONICET, Argentine ; Michael John Gorman, directeur du Musée du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et professeur de pratique des sciences, technologies et société au MIT ; Clayton Micallef Grimaud, directeur principal, National Skills Council, Malte ; Miguel Garcia Guerrero, directeur exécutif du Réseau pour la vulgarisation des sciences et des technologies en Amérique latine et dans les Caraïbes, Mexique ; docteur Andreas Gundelwein, PDG, Experimenta GmbH, Allemagne ; Mairéad Hurley, professeure adjointe en éducation scientifique et sociale, Trinity College Dublin, Irlande ; Karoline Iber, présidente du réseau européen des universités pour enfants EUCU. net, Vienne, Autriche ; Colin Johnson OBE, chercheur honoraire du Réseau européen des centres et musées scientifiques Ecsite, université de Cardiff, Royaume-Uni ; Ulrike Kastrup, directrice du centre scientifique focusTerra, ETH Zurich, Suisse ; docteur Ulrich Kernbach, directeur des expositions et des collections, Deutsches Museum, Munich, Allemagne ; docteur Stuart Kohlhagen, fondateur de The Science Nomad, Australie ; docteur Miha Kos, PDG de La Maison des expériences (Hisa eksperimentov), Centre scientifique slovène (depuis 1996), Slovénie ; Thorsten-D. Künnemann, directeur général du Centre scientifique suisse Technorama, Winterthur, Suisse ; Dobrivoje Lale Eric, responsable de la coopération internationale du Centre pour la promotion des sciences, Serbie ; Dee Laval, direction de Culture Instable Ltd et responsable éditorial chez V !VANT, Royaume-Uni ; Lars Leegaard Maroy, directeur général du Centre scientifique VilVite de Bergen, Norvège ; Bruce V. Lewenstein, professeur au département de communication et d’études scientifiques et technologiques, Cornell University, Etats-Unis ; Elisabeth Limbeck-Lilienau, responsable des expositions, Technisches Museum Wien, Vienne, Autriche ; Amparo Leyman Pino, directrice et fondatrice de Yellow Cow Consulting LLC, Etats-Unis ; Sebastian Martin, docteur, consultant en centres scientifiques, San Francisco, Californie, Etats-Unis ; Luisa Massarani, coordinatrice de l’Institut national de communication publique en science et technologie, chercheuse à la Casa de Oswaldo Cruz, Fiocruz, Brésil ; Vanessa Mignan Jenkins, consultante indépendante, Croatie ; Mikko Myllykoski, directeur général de Heureka, centre scientifique finlandais, Finlande ; Michael Oettli, président de la Société des sciences naturelles et de l’Université des enfants de Winterthur, Suisse ; Maarten Okkersen, conseiller principal en développement et conception d’expériences, Museon-Omniversum, La Haye, Pays-Bas ; Elise Raphael, codirectrice du Geneva Mathematical Escapes, université de Genève ; Elaine Reynoso Haynes, Université nationale autonome du Mexique, Mexique ; Paola Rodari, étudiante en muséologie, master en communication scientifique, SISSA, Italie ; Andrés Roldan, PDG du parc Explora Medellin, Colombie ; Pedro Russo, professeur associé en communication scientifique et société à l’université de Leyden, Pays-Bas ; Wendy Sadler, professeure en communication scientifique, université de Cardiff ; Michael Seifert, fondateur de l’Université des enfants de Tubingue, Allemagne ; Fiorella Silveira, coordinatrice pédagogique du Musée des sciences Espacio Ciencia du laboratoire technologique d’Uruguay, Uruguay ; Silvia Singer, directrice générale du Musée interactif de l’économie, Mexico, Mexique ; Walter Staveloz, fondateur et président de MuseumExpert.org, Etats-Unis ; Harry White, consultant en centres scientifiques, HWConsult, Pays de Galles, Royaume-Uni.