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Lettre de l'Icom France n°7

 

Editorial

L’effet Buenos Aires

Une Conférence générale est toujours mobilisatrice. Celle de Buenos Aires a d’abord surpris les membres du Comité français. L’éloignement de l’Argentine, la méconnaissance réelle de ce pays malgré une idée un peu mythique que chacun pouvait s’en faire, la crainte d’une mission financièrement difficile ont été des arguments très rapidement perçus que le bureau du comité national a essayé de dissiper progressivement. Le thème de la Conférence Musées et avenir du Patrimoine : état d’urgence a été largement compris non seulement par les membres du comité international plus directement concerné, celui de la Conservation mais par beaucoup de membres des autres comités. Le comité de Conservation, avec son président Christian LAHANIER du Laboratoire de Recherche des musées de France, a d’ailleurs multiplié les réunions de travail et les contacts pour définir la richesse du thème proposé. En même temps, les demandes de crédits pour accorder des bourses étaient progressivement suivies de prudentes promesses faites par la Direction des musées de France, par la Ville de Paris, par différents Ministères dont le Ministère des affaires étrangères, par différentes collectivités territoriales. Des conditions avantageuses de voyage étaient accordées par l’Argentine et l’agence Transtour prenait en main l’organisation du séjour. Les premières circulaires ont pu être envoyées. Puis, une seconde. Quatre-vingt-six de nos membres ont finalement pu se libérer pour participer aux travaux de la Conférence générale de l’I.C.O.M. et pour découvrir l’Argentine. La curiosité de prendre contact pour la première fois pour beaucoup d’entre nous, avec l’hémisphère Sud et plus spécifiquement, avec cette partie du monde où le patrimoine et le domaine intellectuel comptent beaucoup, l’a finalement emporté sur les difficultés de préparation de la mission. En nombre, nous étions la troisième représentation nationale, après celle de l’Argentine et celle des USA. Seuls les pays africains et extrême orientaux n’avaient que peu de délégués malgré les bourses accordées par l’I.C.O.M. international et la fondation I.C.O.M.

L’activité du Comité de Conservation a été particulièrement remarquable. L’exposition de panneaux faite sur le thème de la Conférence pour Buenos Aires circula à travers l’Amérique du Sud et sera présentée en Septembre 1987 à Sydney en Australien lors de la prochaine réunion de ce comité. La Conférence de Buenos Aires a eu pour résultat de recruter 110 nouveaux membres pour ce comité, soit un gain de 20%. Le compte-rendu de Christian LAHANIER, qui suit, est révélateur.

D’autres comités internationaux ont montré leur dynamisme comme le CECA ou l’ICMAH, le comité de muséologie ou celui d’Art appliqué. Ils reflètent les secteurs en mouvement des musées à travers le monde. En règle générale et les motions qui ont été adoptées le confirment, la responsabilité des musées en matière de patrimoine est mieux perçue tant des autorités gouvernementales que des personnels des musées même. Ainsi la vocation muséale s’élargit avec l’accord de la majorité des membres de la profession. Les problèmes posés au comité national français par l’ouverture de l’I.C.O.M. aux différents secteurs d’établissement comme le Centre Pompidou ou la Cité des Sciences de la Villette, se retrouvent dans d’autres pays et les positions que nous avons prises de tenir compte davantage des activités que des formations d’origine intéressent nos collègues. Pour développer l’esprit I.C.O.M. et assurer une sorte de formation continue, les français ont proposé à l’I.C.O.M. international de préparer une série de publications les manuels I.C.O.M. qui devraient être complémentaires des Nouvelles de l’I.C.O.M.

Il convient de remercier les organisateurs argentins et ceux du secrétariat de l’I.C.O.M. international d’avoir pu créer les conditions les plus favorables pour que chacun trouve un écho de ses préoccupations, dans cette vaste rencontre qui a rassemblé près de 1 500 personnes.

Nous avons appris que la réussite de la conférence avait aussi sensibilisé le gouvernement argentin qui a créé un nombre important de postes pour les musées et envisagé sérieusement le projet de laboratoire au service du patrimoine.

Dans le contexte argentin très francophile, les participants français ont compris leur responsabilité internationale – tant sur le plan des musées que sur le plan intellectuel en général – ce recul géographique que le voyage à Buenos Aires nous a procuré, a été pour beaucoup d’entre nous, un stimulant.

 

Jean-Pierre MOHEN

Président du Comité national français

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