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Lettre de l'Icom France n°6

 

Editorial

Le Comité National de l’ICOM et l’essor des musées en France

Depuis quelques années, depuis 1977 par exemple, année de l’inauguration du Centre Georges Pompidou à Beaubourg, l’intérêt porté aux musées est de plus en plus manifeste : intérêt des responsables des collectivités aussi bien que du public. Cet essor modifie progressivement dans son dynamisme l’idée même de musée à laquelle nous devons nous adapter.

Quelques évènements marquent ou marqueront le développement des musées dans notre pays : l’éclosion des écomusées, comme ceux des Fournies –Trélon et de Lewarde (Nord), d’Inzinzac-Lochrist près de Lorient (Morbihan), d’Alès (Gard), de St Etienne (Loire), de Buffon (Côte d’Or) etc., les inaugurations du musées Picasso à Paris, de celui de Carnac ou de celui d’Evreux.

Très bientôt, nous pourrons visiter les nouvelles salles du château de Versailles (musée de l’histoire de France) et du château de Fontainebleau. Le musée du XIXe siècle à Orsay, l’original établissement de la Villette, le prestigieux Grand Louvre sauront chacun attirer des publics curieux et passionnés dans un futur proche. D’autres musées vieillis seront refaits comme ceux qui dépendent du ministère de l’Education nationale.

Parallèlement à ces créations, la fréquentation du public augmente non seulement pour les célèbres expositions du grand Palais, qui font venir par voyages collectifs spéciaux les amis des musées de villes provinciales lointaines, mais pour les musées en général et leurs diverses manifestations (expositions, ateliers, conférences, voyages…). Un effort particulier concerne le jeune public pour lequel les visites spéciales sont souvent préparées, des enquêtes et des ateliers proposés. Les services d’actions culturelles qui prennent en charge ces activités se développent et font circuler des expositions itinérantes et des valises pédagogiques. Les services commerciaux, comme ceux de la Réunion des Musées nationaux et d’autres, assurent par leurs éditions, leurs moulages, leurs copies une large diffusion des œuvres de musée.

Plus discrètement mais de manière toute aussi efficace, les centres de documentations qui ont décidé de s’informatiser (adoption du système Mistral) gèrent une information continuellement enrichie et abordable d’ores et déjà grâce à des terminaux dans vingt-cinq villes du territoire. Les laboratoires de restauration récemment installés, occupent les vastes écuries royales de Versailles ; le laboratoire de recherche des Musées de France déjà bien équipé attend son « accélérateur » qui sera mis en place dans des locaux conçus dans le programme du grand Louvre.

Mais en même temps la vocation pédagogique de l’Ecole du Louvre est amplifiée: une école supérieure des musées en complète maintenant son enseignement : elle est destinée à la formation de ceux qui ont passé le concours, en cours de réforme, des musées nationaux et de celui des musées classés et contrôlés, en cours de mise au point.

Les musées cherchent encore à clarifier leurs relations avec des administrations voisines et complémentaires comme la sous-direction de l’archéologie (problèmes de dépôts de fouilles et des musées) ou avec le monde contemporain et ses entreprises comme l’attestent, par exemple, l’exposition Les Immatériels présentée à Beaubourg.

Ce ne sont que des aspects du dynamisme actuel de l’activité des musées tel qu’il est apparu aux yeux du grand public à travers toute la France, lors de La ruée vers l’Art en novembre dernier, dit le mois des musées et des arts plastiques suscité par le Ministère de la Culture. Le supplément au bulletin trimestriel de l’association générale des conservateurs des collections publiques de France s’en est fait l’écho en traitant les musées aujourd’hui.

Nous avons été sensibles au sein du Comité national français de l’ICOM à deux aspects particuliers de cette évolution :

  • Les demandes d’adhésion sont de plus en plus nombreuses et elles émanent de personnes aux formations variées. Cet apparent éclatement de la profession nous a obligés à recruter nos membres en fonction d’une notion à la fois souple et réaliste de la profession «muséale» : celle-ci est caractérisée plus par l’activité (exercice de la fonction à un haut niveau de compétence) que par le titre ou même une formation ancienne. Des domaines comme celui des études scientifiques très poussées concernant tant les collections elles-mêmes que les microclimats, ou comme celui de l’animation prennent une importance accrue dont il faut tenir compte. De marginaux au départ, ces domaines s’intègrent maintenant dans la dynamique globale des musées.
  • L’accroissement des établissements assimilés à des musées et celui des personnels, la variété des financements des différentes opérations entraîne des cloisonnements qui existaient déjà mais qui s’accentuent. L’information trop riche et trop diversifiée circule mal. Plusieurs e nos collègues ont fait part de leur isolement; pourtant ils sont des collègues qui s’occupent des mêmes problèmes et qui éprouvent eux aussi le sentiment de solitude. Les comités internationaux proposent les rencontres que certains réclament. Qu’ils se renseignent: le grand rassemblement que constitue la réunion générale de l’ICOM, peut être aussi l’occasion de confronter d’une manière plus globale des expériences et de réfléchir sur ses propres activités. Nos collègues étrangers sont très curieux de savoir ce qui se passe chez nous en ce moment et ils ont de leur côté beaucoup à nous apprendre. Je vous invite donc à préparer activement le voyage de Buenos Aires (26 octobre – 4 novembre 1986). De notre côté, nous avons entrepris des démarches pour vous faciliter cette préparation.

Jean-Pierre Mohen

Président du Comité national français

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