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Lettre de l'Icom France n°22

Editorial

                Il est de bon ton depuis quelques mois d’affirmer qu’après la vague de grands travaux de la décennie passée les musées ne sont plus une priorité en France. Rien n’est moins vrai. Si beaucoup d’établissements se sont vu transformés, agrandis, renouvelés, souvent avec bonheur, le moins que l’on puisse dire est que l’intendance ne suit pas. Tel musée de province refait à neuf n’est jamais entièrement ouvert faute de gardiens, tel établissement de la capitale voit ses crédits d’exposition amputés et, pire encore, ses crédits d’acquisition réduits. L’heure est donc à la mobilisation pour les musées.

 

                L’urgence est de forger un outil législatif fort qui nous sorte enfin des ordonnances d’après-guerre. Le projet de loi relatif aux musées de France est à cet égard un point de départ convenable. Certes on aurait préféré y trouver une définition du musée où le « but non lucratif » aurait été implicitement revendiqué plutôt que suggéré. Une suppression des catégories de musées aurait été plus conforme aux statuts des conservateurs des deux fonctions publiques. Enfin, en allant dans le sens d’une labellisation du mot musée, on aurait affirmé la volonté des musées français d’être au cœur du dispositif éducatif et culturel. On le voit, des modifications pourront être heureusement apportés, mais ce qui nous semble important, c’est que pour la première fois la spécificité de l’institution muséale dans sa diversité soit affirmée avec force.

 

                Problème juridique encore avec le long combat pour l’établissement d’un dispositif législatif international destiné à lutter contre le trafic illicite des biens culturels. A peine la France a-t-elle enfin ratifiée la convention de 1970 de l’UNESCO sur le trafic illicite, qu’un nouveau sigle, UNIDROIT, vient s’imposer dans notre vocabulaire professionnel. Pour tous ceux qui ne sont pas encore familiarisés avec ce texte partant sur le retour des biens illicitement exportés –non rétroactif, évidemment !- j’ai demandé à un juriste spécialiste de ces problèmes et membre de notre comité, d’ne résumer la teneur et d’en présenter les enjeux aux lecteurs de cette Lettre.

 

                Dans la précédente Lettre, j’évoquais le rôle essentiel des comités internationaux pour le bon fonctionnement de l’ICOM. En ce domaine, l’année a été particulièrement faste pour la France qui a successivement accueilli en juin 97 le comité Costume et le comité de Muséologie. Dans les deux cas, les congressistes venus de plus de 20 pays ont pu apprécier les réalisations récentes des musées tant de province que de la capitale.

 

                Parallèlement, le Comité Consultatif siégeait à l’UNESCO et décidait en particulier du lieu de la Conférence générale en 2001. En choisissant Barcelone, le Comité rappelait avec force l’importance du monde hispanophone au sein de l’ICOM. Beaucoup d’autres décisions prises à cette occasion tracent le chemin que suivra l’ICOM dans les années à venir. Vous en trouverez mention dans les pages suivantes ainsi, bien sûr, que dans les Nouvelles de l’ICOM pour les orientations générales.

 

                Enfin, nous venons d’apprendre que Madame Elisabeth Des Portes, secrétaire générale de l’ICOM, a choisi de quitter notre Organisation pour rejoindre d’autres fonctions. Secrétaire générale depuis 1991, à la tête d’une équipe dont l’efficacité et la gentillesse sont unanimement saluées, Elisabeth Des Portes a joué un rôle déterminant dans une période particulièrement complexe. Alors que le désenchantement était fort à l’écart des Agences internationales, et des ONG, l’ICOM lançait, en 1991, son programme « Quels musées pour l’Afrique ? » avec le succès que l’ont sait. Au cours de ces six dernières années, un travail important a été accompli : création de nouveaux comités nationaux partout dans le monde, la difficile transition du Centre de Documentation devenue enfin la mémoire vivante de l’ICOM, l’organisation de deux Conférences générales et, peut-être plus difficile et plus réussi encore, les fêtes du 50e anniversaire de l’ICOM qui ont été une occasion unique de montrer la vitalité des musées dans le monde.

 

                Je sais me faire l’interprète des nombreux membres du comité français de l’ICOM qui ont eu la chance de travailler avec Elisabeth Des Portes, en l’assurant de notre respectueuse affection et de tous nos vœux de réussite dans ses nouvelles fonctions.

 

Jean-Yves Marin

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