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Débat autour de la "définition du musée" au sein d'ICOM Pays-Bas

Sous-titre
Résultats de l'enquête
ICOM France relaie les réflexions d'ICOM Pays-Bas

Lors de l'assemblée générale de l'ICOM à Kyoto, la décision sur la nouvelle définition du musée a été reportée. L'une des principales raisons était de laisser à chaque comité le temps de discuter de la définition du musée dans ses propres rangs.
Au niveau international, le processus vers une nouvelle définition du musée est mené par le MDPP2, (Standing Committee on Museum Definition, Prospects and Potentials).

ICOM Pays-Bas a profité de cette occasion pour lancer un débat à la fois au sein de son comité national et en associant d'autres acteurs du paysage muséal néerlandais afin d'explorer ce qu'est ou devrait/peut être un musée.

Retrouvez ci-dessous la traduction en français de la synthèse - élaborée par ICOM Pays-Bas - des résultats de leur enquête menée au cours du premier trimestre 2020.

Conclusions de l'enquête

La diversité des réponses indique qu'il y a peu de consensus. Toutefois, une série de questions intéressantes a été soulevée nécessitant des éclaircissements supplémentaires, ce qui - nous l’espérons - devrait favoriser la poursuite de ce processus.

Place à l'interprétation ou à une réponse sans ambiguïté

L' ancienne définition est largement considérée comme "claire" et "simple". Pour certains, cela signifie une marge d'interprétation, tandis que d'autres la considèrent comme non ambiguë. La nouvelle définition, en revanche, est considérée comme "vague" et laissant une trop grande marge d'interprétation. En même temps, elle est considérée comme "limitante". Une question intéressante est de savoir si ces impressions mitigées sont dues à la nature même de la définition ou au choix des mots. Cela peut être dû (au moins en partie) à la nouveauté de ce jargon moderne des musées, qui n'a pas été adopté partout. De fait, les objectifs semblent parfois plus grands et idéalistes que réalistes ou faisables.

Entre pertinence et idéologie

La nouvelle définition exige une position (politique), que d'aucuns considèrent comme "optimiste". 
Un positionnement clair par rapport à ces idéaux est également considéré comme le point fort de la nouvelle définition. Mais des problèmes d'interprétation et d'application se posent créant ainsi une zone grise, non définie.
Quelle est la responsabilité de mon musée ? Sera-t-elle bientôt utilisée contre moi ? Dans quelle mesure ces objectifs sont-ils réalisables ? La question est de savoir où ces idéaux se situent entre définition et réalité quotidienne : doivent-ils se limiter à une vision commune ou faut-il aussi préciser l'interprétation ? Vaut-il mieux laisser l'interprétation des responsabilités aux considérations pratiques ?
Les musées étrangers qui ont besoin d'un soutien politique jouent également un rôle important à cet égard. Pour la plupart des gens, il semble totalement incertain de savoir si ces musées tireront ou non des bénéfices de cette définition.
Clarifier la situation sur ce point semble être facilement atteignable.

Responsabilité envers la collection ou la communauté

L' ancienne définition indiquait ce qu'est un musée en définissant ses tâches. Aujourd'hui, un musée se définit non seulement par ses tâches, mais aussi par son rôle dans la société. Cela crée un point de friction : "ce qu'est un musée" ne concerne plus seulement ce qu'un musée fait, mais aussi pour qui et pourquoi. D'une construction statique axée sur la fonction d'un musée, on passe à un cadre dynamique et tourné vers l'extérieur : une définition orientée vers la société. Cela signifie également que plus les musées se définissent comme des institutions ayant une responsabilité sociale, plus la définition doit faire place au dynamisme.

Cette évolution entraîne à son tour quelques incertitudes. Une vision tournée vers l'extérieur et orientée vers la société exige davantage de flexibilité et de coordination avec les parties prenantes. En outre, il est utile de discuter en amont de la manière dont les musées à but lucratif peuvent s'y associer. Comment les musées reflètent-ils collectivement l'ensemble de la société ? Et cette responsabilité doit-elle être imposée d'en haut ?

Des organisations individuelles ou un écosystème

Cela permettra peut-être de clarifier la question la plus importante : les musées doivent-ils répondre à la définition d'un écosystème ou chaque musée est-il individuellement responsable ? Les musées ne fonctionnent plus comme des "institutions individuelles", alors que dans le même temps, les objectifs décrits dans la nouvelle définition sont tout simplement considérés comme infinis.
Comment vais-je atteindre le "bien-être planétaire" avec mon musée des timbres postaux ? D'autres se demandent si c'est "un devoir de faire preuve d'ambition". En même temps, il apparaît que les membres de l'ICOM se rapprochent en déterminant collectivement ces ambitions.